Où en est le football ukrainien avant d’affronter l’équipe de France ?

Trois ans après le début de l’invasion russe, le football ukrainien continue d’exister dans des conditions extrêmement difficiles. Comme le pays tout entier, il s’est adapté à une « économie de guerre », entre exil, résilience et volonté de rester debout. Et c’est dans ce contexte particulier que l’Ukraine s’apprête à défier la France, vendredi à Wroclaw, en qualifications pour le Mondial 2026.

Un football en exil mais symbole de résistance

Privée de stades sécurisés depuis février 2022, l’Ukraine dispute ses matchs à domicile dans différents pays européens. Après la Slovaquie, la République tchèque ou l’Allemagne, c’est de nouveau en Pologne, terre d’accueil de nombreux réfugiés, que la sélection jouera contre les Bleus. Ces rencontres dépassent le cadre sportif : elles représentent un moment de communion entre la diaspora et une nation meurtrie. Chaque match est une vitrine politique et un symbole d’unité face à l’agresseur russe.

Un championnat fragilisé mais toujours debout

Reprendre le championnat, dès septembre 2022, était un choix politique fort : montrer que le pays refusait de plier. Mais les contraintes sont immenses. Les matchs se jouent essentiellement dans l’ouest du pays, souvent interrompus par des alertes aériennes, parfois décalés de plusieurs jours. Des clubs historiques, comme Mariupol ou le Desna Chernihiv, ont dû cesser leurs activités après la destruction de leurs infrastructures. Longtemps organisées à huis clos, les rencontres voient aujourd’hui revenir progressivement les supporters, notamment à Rivne ou à Kyiv, malgré les risques persistants.

L’Europe, un miroir des difficultés

Le déclin du football ukrainien se mesure surtout en Coupes d’Europe. Pour la première fois depuis 20 ans, aucun club n’est présent en phase de groupes de Ligue des champions. Le Dynamo Kyiv a été éliminé par Pafos, un club chypriote, tandis que le Shakhtar Donetsk, exilé en Pologne, n’a pu accrocher que la Ligue Conférence. Faute d’attractivité et de sécurité, les clubs n’attirent plus les mêmes joueurs étrangers qu’auparavant, et le niveau général de la Premier League ukrainienne stagne.

Une économie de guerre et des talents exportés

Les clubs survivent en misant sur deux leviers : le recrutement à bas coût, notamment dans les Balkans, et la vente de jeunes talents formés localement. Ces dernières années, plusieurs transferts importants ont permis d’injecter des liquidités : Sudakov à Benfica (27 M€), Vanat à Gérone (17 M€), Kevin à Fulham (40 M€). Le Shakhtar, longtemps symbole du football « brésilien » en Ukraine, a même réussi à reconstituer une colonie sud-américaine avec 12 joueurs venus du pays auriverde, preuve d’un retour relatif à la normale.

Une sélection entre potentiel et irrégularité

Sur le plan international, la Zbirna reste compétitive mais peine à franchir un cap. L’Euro 2024 a été décevant, avec une élimination au premier tour, et la Ligue des nations s’est soldée par une relégation en Ligue B. Pourtant, le vivier est réel : Trubin, gardien de Benfica, Sudakov, Zinchenko, Mudryk, ou encore Tsygankov évoluent dans les grands championnats européens. Guidée par Serhiy Rebrov, la sélection rêve d’une première participation à une Coupe du monde depuis 2006, profitant de l’élargissement à 48 équipes.

Ukraine – France : le choc attendu

Pour ce premier match de qualification, l’Ukraine affronte le grand favori du groupe, la France. Les Bleus, emmenés par Didier Deschamps, disposent d’un effectif riche et expérimenté avec Mbappé, Olise, Barcola ou encore Doué. L’Ukraine, privée de son gardien Andriy Lunin mais portée par l’énergie de tout un peuple, espère créer l’exploit devant son public en exil. Mais la marche semble haute.

👉 Pronostic : la France devrait s’imposer, probablement avec au moins deux buts inscrits.
L’Ukraine vendra chèrement sa peau, mais la qualité technique et la profondeur de banc des Bleus devraient faire la différence.